Combats pour l'histoire


Lecture stimulante et toujours d’actualité, Combats pour l’histoire est avant tout une réflexion sur l’Histoire, où l’auteur a recueilli plusieurs articles écrits entre 1906 et 1952 où il développe sa vision sur ce qu’est l’Histoire avec un grand H. Lucien Febvre est un historien de cœur exceptionnellement prolifique ayant notamment révolutionné la méthode de « Faire l’histoire ». Co-fondateur des Annales avec Marc Bloch, ils ont créé ensemble une école qui se caractérise par la volonté de créer une histoire multidisciplinaire. Febvre a consacré sa vie à l’histoire et, comme le titre l’indique, son seul et unique combat fut dédié à cette dernière. « Mes combats, certes non : je ne me suis jamais battu ni pour moi ni contre tel ou tel, pris en tant que personne. Combats pour l’histoire, oui. C’est bien pour elle que, toute ma vie, j’ai lutté. » C’est sur ces paroles fortes et sincères, qui nous procure inévitablement des frissons, qu’il nous invite à le rejoindre dans ses pensées, où il est généreux de ses réflexions et de sa vision. Ce recueil est un bijou si vous vous intéressez un tant soit peu à l’épistémologie de l’histoire. Qu’est-ce que l’Histoire? Comment la définir? Ces questions demeurent aujourd’hui. Il n’a pas la réponse, n’a aucune définition au delà d'un besoin de l'humanité à nous proposer et n’a aucun mal à l’admettre. « Parce que toute définition est prison. Et que les sciences, comme les hommes, ont avant tout besoin de liberté.» De sages paroles s’il en est. Il admet volontiers cependant que l’histoire n’est pas simplement une méthode. L’histoire est plurielle…Complète. Elle est évolutive, puisqu’elle interroge le passé en fonction du présent. Elle a donc une fonction sociale. En lisant ce recueil, nous comprenons vite toute la complexité et les enjeux reliés à l’écriture de l’histoire. Le dernier chapitre, et probablement le chapitre le plus touchant de son recueil, est consacré à son grand ami March Bloch, « l’un des plus fermes esprits de ce temps», tragiquement assassiné par les Allemands en 1944. Il ne le dit point, je vais le faire, Bloch, membre de la résistance, aurait été fusillé aux cotés de d’autres résistant en proclament haut et fort « Vive la France ! ». Ce fait n’est pas démontré, mais il était brave. Quel homme! Bref, Febvre était plus critique que Bloch dans la manière de faire l’histoire, mais les deux hommes se rejoignaient sur la rigueur d’analyse et la volonté d'ouvrir le champ de l'histoire aux autres disciplines scientifiques. Voilà un livre des plus intéressants d’où l’on sort grandit.


Auteur: Lucien Febvre
Éditeur: Armand Collin
Collection: AGORA
Parution: 1995
Pages: 455

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