Nous, les filles de nulle part

On s’en sort par ses propres moyens, ou on y reste.

À partir de 14 ans


Nous, les filles de nulle part d'Amy Reed, est une véritable perle! Roman puissant, il est à la fois une invitation à la dénonciation de la violence faite aux femmes et un outil insoupçonné de militantisme. Tout comme les jeunes filles du roman, en fermant ce livre, alors que je l’ai complété en une journée pluvieuse, j’avais envie de prendre part à ce combat et je suis certaine que l’effet sera le même pour vous, si évidemment vous vous intéressez à la question. Ce livre démontre bien la perversité de la culture du viol et est parfaitement ajusté dans le courant #METOO. Avant d’aborder le résumé du roman, j’aimerais mentionner deux éléments simples, mais importants qui font de ce roman quelque chose d’unique. D'abord, probablement l’élément le plus important de ce livre, il déculpabilise les victimes, et ensuite, il joue sur les concepts du genre et du sexisme, ce qui est très intéressant pour un livre destiné aux adolescentes et adolescents. 

Pour faire un résumé court, nous suivons de jeunes filles qui ont comme seul point commun de fréquenter la même école. Grace est une étudiante qui vient d’emménager dans une nouvelle ville. Elle est fille d’une pasteure et a découvert d’inquiétants messages sur le mur de sa chambre qui semble être un cri à l’aide de la personne qui y vivait avant elle. Rosina est homosexuelle dans une famille mexicaine qui la fait travailler énormément et lui donne beaucoup de pression. Erin est le cerveau, elle a un QI exceptionnel doublé d'un syndrome d'Asperger et aspire à une vie normale. Ensuite, il y a Lucy, le personnage qu’on ne connait qu’à cause d’inscriptions qu’elle a laissées sur son mur. Elle ne le sait pas encore, mais un combat se déroule en son nom. Ce qu’on sait d’elle, c’est qu’elle a affirmé avoir été violée par plusieurs garçons lors d’une soirée et a fui le scandale que cela a créé en déménageant (Grace habite maintenant sa maison et c’est pourquoi elle a vue les inscriptions). C’est ainsi que débute le combat de trois filles, Grace, Rosina et Erin qui vont fonder ensemble Les filles de nulle part pour se révolter, pour dénoncer et pour rendre un peu de justice à Lucy. Elles vont d’abord distribuer des tracts pour faire la promotion contre la violence sexuelle. Leur groupe s’agrandit, accueillant bientôt plusieurs filles toutes différentes et si semblables finalement. Lorsque les tracts ne suffisent plus, elles iront jusqu’à faire la grève du sexe avec toutes les lycéennes. Un acte symbolique qui fait beaucoup parler dans leur entourage.

L’auteur réussit à transmettre un message fort, sans aucune lourdeur. Elle dénonce, avertie et protège. Homosexualité, travestissement et transgenre sont tous autant de sujets qu’elle aborde avec grand tact. Les garçons ne sont pas diabolisés, au contraire! Plusieurs sont des personnages intéressants, certains sont sensibles et d’autres s’allient aux filles. Vent de fraicheur pour un sujet extrêmement important. Nous sentons la complexité du thème, alors qu’on aperçoit une panoplie de situations dans lesquelles se retrouvent les femmes qui pourraient être vues comme des exagérations de la part de l’auteur. Moi je le vois plutôt comme une dénonciation de toutes les situations dans lesquels peuvent se retrouver les femmes. Roman pour adolescents qui peut très bien être lu par des adultes, voilà un must lorsqu’on grandit dans une société en plein changement. Il est la preuve d’un désir de renouveau, où la violence est inacceptable et condamnée. Il démontre aussi que le but n’est pas atteint, qu’il reste un long parcours à faire. L’action se déroule aux États-Unis, mais les jeunes filles québécoises peuvent, je crois, facilement s’identifier aux héroïnes. Ne sommes-nous pas toutes des filles de nulle part finalement?

Auteur: Amy Reed
Éditeur: Albin Michel
Collection:Jeunesse
Pages:537
ISBN: 978-2-226-40144-1




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