Les Outrepasseurs, tome 3: Le libérateur
Collection : -
Parution : 9 avril 2015
Pages : 350
Alors qu'un hiver des plus rudes s'abat sur la Grande-Bretagne, Peter se
retrouve isolé après avoir été sauvé par Arnaut. Lorsque ce dernier
tombe dans le coma, la situation semble désespérée. Mais Peter découvre
que le sous-sol de Lion House recèle de nombreuses ressources.
Mon avis:
D’abord, lisez le premier et deuxième tome de la
trilogie, je vous assure que vous ne perdrez pas votre temps. L’auteur est excellent,
ses tournures de phrases sont douces et mélodieuses et le niveau de la langue
est soutenu. Comme c’est agréable de se plonger dans son roman, ne serait-ce
pour la qualité de sa plume. L’auteur a imaginé un univers complexe qui exige
une lecture attentive, et c’est d’autant plus agréable. Cette petite série de
trois romans est une géante dont la lecture ne nous laisse pas indemnes. Préparez-vous
à une tornade d’émotions : la colère, la joie, l’incompréhension, l’amertume
de la trahison, l’amour, l’amitié, le sentiment d’impuissance et finalement l’impuissance
de la soumission. Cette décharge d’émotions vous attend. Aussi, même si
l’histoire des Outrepasseurs se conclut, l’auteur nous laisse sur une note
d’ouverture qui ne ferme pas la porte à l’éventualité d’une suite. Je ne crois
cependant pas que cela soit le cas et n’ai trouvé aucune information sur le
sujet. La trilogie se déploie comme suit : un premier tome d’introduction
à l’histoire des Outrepasseurs se déroule davantage au Moyen âge qu’au temps
présent (au temps du héros de l’histoire) et révèle le destin d’un membre des
Outrepasseurs, le deuxième tome évoque ensuite l’évolution du même personnage,
de ses apprentissages jusqu’à sa révolte, et finalement, le troisième tome
relate l’inévitable guerre et son dénouement. J’ai particulièrement aimé la
capacité de l’auteur à couvrir des sujets qui peuvent être encore tabou dans
certains milieux, dont l’homosexualité et l’amour mal vécu. Ici, ils sont
abordés avec habilité et tact. Je crois ces sujets pertinents chez un public
adolescent vivant un âge charnière dans le développement et la découverte de soi-même,
à plus forte raison lorsqu’ils sont traités comme le fait l’auteur.
Les personnages sont assez originaux dans la
mesure où il n’y a pas réellement de héros, de méchants ou de gentils.
C’est-à-dire que les personnages sont prêts à tout pour gagner ou faire gagner les
leurs et leur cause. Ils semblent ainsi régis par des motivations plus
complexes et gagnent en réalisme. Aussi, ils n’étaient pas spécialement héroïques
ni courageux, mis à part peut-être la louve et la renarde à la toute fin… Je ne
veux pas vous en dire trop au risque de vous spoiler, il faudra par conséquent
le lire. Cependant, je salue l’auteur pour son talent d’avoir su créer des
personnages si complexes tout en restant convaincants. Elle parvient à
merveille à jouer avec nos sentiments lorsqu’on se surprend à s’attacher à un
moment de notre lecture au plus vicieux d’entre tous, pour ensuite le détester.
Tout au long du roman, on est mitigé entre aimer les personnages ou les
détester, et je crois vraiment que c’est la force du récit et de l’auteur. Selon moi, c’est l’une des difficultés que rencontrent forcément les auteurs, à
savoir comment rendre des personnages complexes qui sont en même temps convaincants
et cohérents. Tâche extrêmement difficile qui exige de toute évidence beaucoup
de travail et de réflexion. Alors, bravo à vous Cindy Van Wilder !
Si vous aimez les réécritures de conte, celui-ci ne vous laissera pas indifférent.
Ce type de récit n’est pas mon préféré d’ailleurs, car j’ai souvent
l’impression de lire des histoires où la présence du conte originel se fait
trop lourdement sentir et limite parfois l’imaginaire de l’auteur. Celui-ci m’a
cependant grandement plus, car il ne s’imposait aucune limite. En effet,
l’histoire ne tourne pas qu’autour des contes et évite ainsi de nous y
ensevelir, tout en leur empruntant suffisamment pour nous laisser savourer ces
histoires qui ont marqué notre enfance. Encore ici, je dois l’affirmer,
l’auteur se démarque !
Toutefois, la fin m’a malheureusement laissée sur une note un peu amère.
Comme je l’ai dit, l’histoire est grande, riche et comporte des personnages
cohérents, mais sa fin ne reflète pas à mon sens le niveau de complexité que
l’histoire nous promettait. Elle m’a effectivement semblé trop simple, trop
expédiée. Cela dit, ce fut une histoire enchanteresse comme je les aime.
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